Désemparés face à la maladie de leur maman
La fille et les deux fils s'occupent, jour et nuit, de leur mère atteinte d'une maladie neurologique. Ils veulent un placement à Rennes, mais le dossier traîne.
Catherine, 47 ans, est atteinte d'une maladie neurologique qui lui a fait perdre l'usage des jambes et l'a rendue sourde. En octobre dernier, son concubin est mort d'un cancer. La situation était déjà difficile, elle est devenue impossible au décès de son compagnon. La Rennaise est restée seule dans sa maison. La fille et les deux fils ont dû prendre leur courage à deux mains.
La fratrie se relaie pour assister la maman : les enfants lui donnent les repas, l'aident dans tous les actes de la vie quotidienne. Marina, 27 ans, a même arrêté de travailler. Elle s'occupe de sa mère à plein-temps. Pour cela, elle touche seulement 400 € par mois, correspondant à la rémunération de trois heures par jour. Aujourd'hui, la jeune femme craque. « Je n'en peux plus. Je ne suis plus jamais chez moi. Mon ami commence à en avoir marre. » Ses deux frères, qui travaillent tous les deux, n'en peuvent plus. D'autant que les revenus de la maman, 600 €, suffiraient difficilement pour faire face à toutes les dépenses.
« Ça devient urgent »
Peu à peu, les relations se sont tendues entre les frères et la soeur. « On se prend la tête souvent, témoigne Marina. J'ai l'impression que tout le monde nous abandonne. » Les services sociaux du conseil général d'Ille-et-Vilaine suivent pourtant la famille, depuis octobre 2006. Une assistante sociale a rendu visite à Marina, en décembre dernier. Depuis, plus rien. Le temps commence à devenir long.
« Nous avons proposé des mesures alternatives au placement, explique Thérèse Ollivaux, directrice de l'Animation des territoires et de la lutte contre les exclusions au conseil général. La famille pourrait bénéficier d'une aide à domicile ou d'une infirmière d'insertion, en attendant une place dans un établissement adapté. » En réalité, Marina et ses frères ne veulent pas entendre parler de ces « mesures alternatives ». La jeune femme ne se souvient d'ailleurs pas de propositions de cette nature.
Pour trouver une structure d'accueil, il faut « monter un dossier » à la Maison départementale des personnes handicapées. Et, selon Thérèse Ollivaux, les papiers sont depuis des mois dans les mains de la fratrie. « Je peux comprendre qu'il y ait un essoufflement de la fille, avise la responsable de services sociaux. Elle ne voulait peut-être pas prendre une décision au début. Aujourd'hui, ça devient urgent parce qu'elle n'en peut plus. »
Marina, elle, confirme : « J'ai le dossier, effectivement, mais l'assistante sociale m'a demandé d'attendre et de le remplir avec elle. » Tout le monde convient que le placement est la meilleure solution. Mais pour l'obtenir, il faudra d'abord une évaluation médicale. Et personne ne sait combien de temps cela prendra. Des mois ? Des semaines ?
Les services sociaux ne répondent pas. Marina et ses frères n'ont plus qu'à prendre leur mal en patience.
Serge LE LUYER.
Ouest-France