Dangereuses pour les ouvriers qui les fabriquent, pour les utilisateurs en cas de casse et pour la planète du début à la fin de leur vie : il y a des zones d'ombre autour des lampes à basse consommation.
Des centaines d'ouvriers intoxiqués, des dizaines de millions de mètres-cubes d'eau menacés par une pollution invisible et irrémédiable : Foshan, dans le sud de la Chine, capitale mondiale de la fabrication d'ampoules, est en danger. En cause, le mercure. «Et on ne sait pas tout, relève la journaliste brestoise Sandrine Mary, qui s'est rendue sur place pour Envoyé spécial (*). Dans ces usines, les ouvriers sont souvent des migrants. Dès qu'ils ont un pépin, ils rentrent chez eux. » Le mercure, c'est le composant indispensable des lampes à basse consommation, celles qui devaient sauver la planète du réchauffement et qui remplacent désormais les lampes à incandescence, progressivement interdites à la vente depuis septembre 2009. Un polluant extrêmement toxique.
Trois tonnes par an
Selon Bruxelles, ce sont environ trois tonnes de mercure qui entrent en Europe chaque année pour couvrir les besoins en éclairage. Mais leur système de récupération présente de grosses faiblesses. Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), les objectifs réglementaires de recyclage des déchets électriques et électroniques ont ainsi été atteints en 2009 dans la quasi-totalité des catégories... sauf pour les ampoules, dont le taux de récupération ne dépasse pas 30%. «Le dispositif est trop récent », plaide un responsable du pôle déchets à l'Ademe. Recylum, l'organisme chargé de la collecte des lampes usagées, travaille d'ailleurs à son amélioration, en augmentant notamment les points de collecte.
Gare à la casse
Mais avant d'en arriver là, attention à ne pas casser les chères lampes : avec jusqu'à 5 milligrammes de mercure par unité, la limite d'exposition professionnelle de 50nanogrammes par m³ est atteinte dans un volume de 100m³, soit un (très) grand salon. Réaction préconisée, sortir de la pièce et l'aérer pendant au moins un quart d'heure. Sans paniquer, évidemment : le danger viendrait d'une exposition permanente. A quel moment le danger est-il écarté, alors ? Toujours pas quand l'ampoule usagée est embarquée pour son recyclage... Ainsi deux dirigeants de l'usine Citron de Rogerville, près du Havre (Seine-Maritime), qui assurait jusqu'à son dépôt de bilan en octobre 2010 une partie du traitement des lampes et tubes fluorescents, ont-ils été mis en examen en décembre pour, notamment, violation d'obligations liées aux règles de l'environnement, d'hygiène et de sécurité. Si Recylum assure que le mercure n'était pas concerné, on peut quand même s'interroger sur la fiabilité de la filière... Un autre partenaire, le groupe Remondis, vient aussi de quitter le navire.
«Il y avait beaucoup de lobbying»
« On est peut-être allés un peu vite» en imposant les lampes fluocompactes avant que la filière ne soit au point, reconnaît le responsable de l'Ademe. «C'était un sujet sensible, avoue-t-il un peu gêné. Il y avait beaucoup de lobbying et la limitation de l'effet de serre était un argument commercial fort. On attend maintenant une avancée sur l'étiquetage environnemental, qui donnera au consommateur une vue d'ensemble. » Prévu à l'origine par le Grenelle 2, ledit étiquetage a finalement été transformé en simple expérimentation jusqu'à la fin de l'année.
Le Télégramme (27 janvier 2011)
Un reportage devait être diffusé sur France 2 dans l'Emission "Envoyé Spécial" la semaine dernière relatif à ces ampoules pas très claires, ça n'a pas été le cas, bizarre !!!